ZAHI HAWASS, EGYPTOLOGUE ET ANCIEN MINISTRE DES ANTIQUITES EGYPTIENNES: Ilest temps que le président Emmanuel Macron reconnaisse que l’Europe à porté atteinte à l’art africain et à son archéologi

Il est temps de rendre les objets volés, à leur pays.

– Une petition sera lancée pour demander le retour du buste de la reine Néfertiti.

– Nicolas Sarkozy à Hosni Moubarak:  » Zahi Hawass altère nos relations ».

– Novembre prochain nous célèbrerons les 100 ans de la découverte de la tombe de Toutankhamon.

 par : Rahima Ouali

L’ancien Ministre des Antiquités Egyptiennes et

célèbre égyptologue, Zahi Hawass, n‘en démords pas.

Aujourd’hui âgé de 75 ans, il réitere ses demandes

auprès des musées européens et des responsables

politiques. Il revient notamment sur sa demande de prêt du buste de la reine Nefertiti, du Zodiac

de Dendera, ainsi que de la Pierre de Rosette. Une

occasion pour l‘archéologue, d’exposer en détail les

conditions de ces découvertes archéologiques. Celui-

ci annonce par ailleurs une année importante pour l’

égyptologie et des révélations qui auront lieu dès

septembre. Date anniversaire du bicentenaire du

déchiffrement de l’écriture hiéroglyphique par Jean

François Champollion. Dans son bureau du Caire

situé dans le quartier d’ El Mohandessin à Gizeh, Zahi

Hawass reste l’ardent défenseur des antiquités

égyptiennes. Chemise blanche, mains reposant sur le

bord de son bureau, et regard impliqué, Zahi Hawass

est d’ici, à seulement vingt minutes des Pyramides de

Saqqarah.

– Quelle est la particularité de l’Egypte dans l’histoire  Et qu’apporte t-elle au monde

L’Egypte est le seul pays au monde ou vous pouvez

trouver à la fois, la culture

pharaonique,  gréco-romaine, juive, copte,

musulmane, mais également des palais issus de

l’époque moderne. Tout ce que vous pouvez trouver

dans la culture égyptienne est donc plus riche que ce

que vous pouvez voir dans n’importe quel autre pays.

Dans mon livre Secret Egypt, j’ explique d’ailleurs que

l’Egypte peut se visiter de onze manières

différentes.Beaucoup de gens viennent ici parce que

ce pays est unique, différent. Il a quelque chose à

apporter au monde. Il y a des pays que l’on peut visiter

une seule fois, mais l’Egypte, non, ce n’est pas

possible. De même, la culture de l’Egypte antique a

beaucoup affecté l’esprit des gens, un peu partout dans

le monde.

– Effectivement, et les découvertes archéologiques y

sont aussi pour beaucoup. Pourtant lorsque vous étiez

Ministre des Antiquités Égyptiennes vous avez fait

supprimer les 10% de biens, prélevés par les missions

de fouille étrangères depuis 1983. Pourquoi ?

Lorsque j’étais à la tête des Antiquités Égyptiennes,

j’ai fait cette loi. Auparavant j’avais écrit à tous les musées, en leur demandant de ne pas acheter d’objets

antiques. Mme Christiane Ziegler qui était à l’époque

conservatrice du musée (département des antiquités

égyptiennes du Musée du Louvre), avait acheté cinq

bas reliefs. Mais il se trouve que ceux-ci avaient étés

volés d’une tombe à Louxor. J’ai donc demandé le retour de ces pièces, car j’estimais que ce n’était pas

une bonne chose. Ce fait pouvait notamment encourager des voleurs à pénétrer dans les tombes. Le directeur m’a répondu qu’il me ferait un retour après 3 mois. Mais 4 mois plus tard, je n’avais toujours rien reçu. Le musée du Louvre a fait par la suite une demande d‘autorisation de fouille pour le site de Saqqara. Je la leur ai refusée.

– Y a-t-il eu des conséquences suite à ce fait, pour vous, mais aussi dans la relation Franco-Égyptienne ?

Un jour, M. Hosni Moubarak m’a contacté. Il venait de s’entretenir avec M. Nicolas Sarkozy qui lui avait dit :  » Zahi Hawass altère nos relations, car il a fait interrompre le travail du Musée du Louvre en Egypte ». J’ai répondu à M. Hosni Moubarak que ce fait faisait suite à l’ achat des artefacts volés. Je leur avais même dit à l’époque que ce n’était pas correct et qu’ils  devaient normalement nous restituer ces objets. Quand M. Nicolas Sarkozy s’est rendu par la suite à Louxor, il ne m’a pas rencontré à cause de cet incident. Alors que j’y étais aussi pour y effectuer des fouilles.

– Et maintenant, qu’attendez vous ou alors qu’espérez vous, de la France ?

Je persiste à croire que de nombreux musées pratiquent toujours l’impérialisme. Car lorsqu’on achète des objets volés, on encourage par ce biais les visiteurs mal intentionnés à porter préjudice aux valeurs spirituelles des pharaons. Je crois qu’il est temps maintenant que le président français Emmanuel Macron dise que l’Europe à porté atteinte à l‘art africain et à son archéologie. Et qu’il est temps maintenant, de rendre ces objets à leur pays.

– Comment  sont vos relations avec les musées français et européens ?

J’insiste vraiment. Je ne suis pas contre les objets d’arts présents au Louvre ni contre ceux conservés au British Muséum. Je suis contre deux choses: la première c’est qu’une pièce, dès lors qu’elle est unique, celle-ci doit rester en Egypte. La seconde, est relative à l’ouverture du Grand Musée du Caire. J’avais écrit une lettre au Musée du Louvre et je leur avais demandé le prêt du Zodiaque de Dendera pour son inauguration. Pour le British Muséum, je leur avais demandé la Pierre de Rosette et pour le Neuesches Muséum de Berlin, le buste de Néfertiti. Ils ont tous pensé que ce n’était pas une bonne idée. Je leur ai dit, mais comment pouvez vous nous dire non, alors que nous vous donnons la permission de faire des fouilles en Egypte ?

– Mais pourquoi ces objets font-ils autant l’objet de litiges aujourd’hui ?

Le buste de la reine Néfertiti a été découvert en 1912 par Burckhardt. A cette époque il y avait une loi. Elle spécifiait que si l’on faisait la découverte d’une statue royale en calcaire on ne pouvait pas la faire sortir d’Egypte. Burckhardt a même fait part dans son journal de sa fierté concernant la statue de Néfertiti. Ensuite il l’a prise à son propre domicile pendant dix ans. Après 10 ans, il l’a ressortie. Et à présent j’ai réuni toutes les preuves qui démontrent que le buste de Néfertiti a quitté l’Egypte illégalement. Pour la pierre de Rosette, elle a été prise par les français, qui l’ont ensuite remise aux anglais. Mais ils n’avaient pas le droit de faire ça. Quant au Zodiaque de Dendera, celui-ci provient d’un vol. Les scellés de la tombe d’où il a été récupéré ont été coupés, et il s’est par la suite retrouvé au Musée du Louvre.

– Et selon vous, quelles seraient les craintes de ces musées à l’égard de l’Egypte ?

Il y a trois ans j’ai été a une importante conférence appelée l’Oxford Student Debate. Ils y ont dit que nous n’avions pas de bon musée en Egypte, qu’on y restaurait mal les œuvres, et que tout pouvait être détruit à la moindre révolution. Quand est arrivé mon tour, je leur ai répondu que l’Egypte avait de meilleurs musées. Que le Grand Musée allait s’ouvrir et que nous avions aussi le Musée de la Civilisation et celui de la plage de Sharm El Sheikh. Pour ce qui est des mauvaises restaurations, celles-ci peuvent avoir lieu dans n’importe quel pays. Le British Muséum a par exemple mal restauré le marbre de Grèce (Parthénon) . Concernant les révolutions, celles-ci peuvent apparaître dans n’importe quel pays et là encore tout peut y être volé. Le jour où il y a eu une panne d’ électricité à New York à été l’occasion de nombreux vols.

– Il semblerait que n’ayez pas eu de retour de la part des musées européens pour vos demandes de prêt. Je parle du buste de Néfertiti, du zodiaque de Dendera, et de la Pierre de Rosette.  Quelles actions menez-vous, ou qu’allez-vous mener en ce sens ?

Je prépare actuellement, et à titre personnel, une pétition pour demander le retour du buste de Néfertiti. Elle sera lancée en octobre, et signée par des intellectuels égyptiens et d’autres. Beaucoup de gens en France, au Royaume Unis mais aussi à Berlin et aux Etats-Unis me soutiennent. Le lundi 3 Octobre auront lieu des conférences a Mena House au Caire. J’y suis invité par M. Khaled Al-Anani, le Ministre du Tourisme. Nos échanges porteront sur la protection de l’histoire des artefacts. Nous ne souhaitons pas agir uniquement pour les antiquités égyptiennes, mais aussi pour celles du Pérou, de la Syrie, d’Irak. Combien d’artefacts ont été pris à la Syrie, à            l’Irak, la Libye, le Yémen ? Regardez ce qu’il s’est passé durant les Printemps Arabes !

– L’ouverture du Grand Musée Égyptien, est prévue pour 2022. Y aura t’il d’autres événements de même ampleur, qui se dérouleront cette année ?

La tombe du Pharaon Toutankhamon est la plus importante trouvaille de ces 100 dernières années. Et nous allons justement fêter en Novembre prochain les 100 ans de cette découverte. L’Egypte va devenir très importante cette année. En septembre prochain nous fêterons également les 200 ans de la découverte du langage égyptien, les hiéroglyphes, par Jean François Champollion. Il s’agira d’une grande cérémonie. Et au mois d’octobre j’annoncerai au monde les raisons du décès du Pharaon Toutankhamon. Nous sommes actuellement à la recherche de la momie de la reine Néfertiti et j’espère que je pourrais annoncer une découverte à ce sujet. Donc cette année sera une année vraiment importante pour moi et pour l’archéologie

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